§
R
é
c
i
t
S.
Sade, ô
Sade
Pardonne-moi de t'importuner en cet enfer qui te tient lieu d'ultime geôle,
toi qui les as toutes fréquentées.
Condescends à entendre celui qui fut et reste ton plus mauvais élève,
celui qui baillait sur Justine et s'endormait sur Juliette pour rêver
à loisir qu'il troussait ces coquines dans une meule de foin.
Comme tu vois, ô Tyran, je n'ai pas fait de progrès. J'ânonne
trousser là où il faudrait éjaculer foutre, j'ahane coquines
alors que tu cracherais gueuses. Ne parlons pas de la meule de foin (même
le quidam pense boudoir) car je sens la paille chatouiller ton aristocratie.
Que dis-je ? Aristocrate ? Tu étais despote lorsque tu désirais
une esclave, monarchiste pour la faire courtisane, républicain si tu
la voulais libertine. Foutre, jouir, mourir était alors le triptyque
de ta Marianne suprême dans un monde qui établissait les conventions.
Quel
crime ai-je commis en ton nom ? Aucun, seigneur. Sinon tirer quelques diables
par la queue comme je t'imagine le faire en ce moment d'un pamphlet sur la
morale établie. Alors pourquoi cette supplique d'un disciple lubrique
mais infidèle ?
Parce que je n'ai rien à foutre.
Et cette expression prend maintenant tous ses sens.